Autoportrait

Dans ce dernier autoportrait gravé que Rembrandt réalisa, l’artiste se représente dessinant dans un cahier, à côté d’une fenêtre. L’ombre modèle le visage entier, les rides qui marquent le front, comme le pli du menton épaissi. La pupille et la prunelle de ses yeux sont piquées d’un reflet blanc témoignant de l’acuité du regard, tandis que le sourire qu’ébauchent les lèvres sous la moustache taillée et l’air soucieux évoquent subtilement à la fois le détachement et la concentration. L’ouverture de la fenêtre, la main droite qui dessine, les feuilles et les yeux enfin sont les seules taches claires du portrait. Rembrandt se représente tel qu’il se voit dans le miroir et nous le percevons comme si nous étions face à lui car, dans les autoportraits gravés, contrairement aux autoportraits peints, le sujet est renversé à deux reprises, une première fois par le miroir et une deuxième fois par le processus d’impression ; le renversement est donc annulé. Il scrute sa figure, sans embellir son visage ou ses expressions. Il fait d’ailleurs rarement preuve de complaisance envers son image. Il ne peint que le présent de son visage. Tout portrait est un suspens du temps. « La suite de ceux de Rembrandt est une série de temps arrêtés, elle n’est pas une durée » (Pascal Bonafoux). Dimensions : 160 x 130 mm Matériaux et techniques : Eau-forte et burin sur papier vergé ancien