Mater Beata

La peinture « Mater Beata » de Louis Buisseret (Binche 1888 – Bruxelles 1956) est une œuvre qui caractérise parfaitement les particularités stylistiques de l’artiste. La composition du tableau est pyramidale. Au centre, une femme domine la composition. Sa robe, ainsi que sa coiffe, lui donnent des allures de paysannes originaires de Toscane. Aussi, deux enfants nus l’encadrent. Un premier est enlacé dans ses bras tandis que le second s’appuie sur sa jambe gauche.

L’œuvre de Louis Buisseret dénote une influence du Quattrocento italien. On y retrouve un réalisme intemporel, une grande attention pour le dessin raffiné et minutieux, des gestes élégants, un allongement des figures ainsi qu’une mélancolie rêveuse. Les expressions des personnages peuvent être qualifiées de maniéristes comme l’illustre par exemple la pose prise par l’enfant nu, sur le côté gauche, dont la jambe est extrêmement tendue. Cet esprit maniériste caractérise le groupe montois Nervia dont Louis Buisseret fut le co-fondateur.

Une atmosphère calme et recueillie se dégage du tableau grâce au choix de colorations tempérées dans la gamme des ocres et aux poses savantes élaborées par l’artiste. A l’arrière-plan, des rideaux noués laissent entrevoir la géométrie des paysages d’inspiration italienne. Louis Buisseret joue également sur les contradictions ombres - lumière, angle saillant - renfoncement des façades. Finalement, divers objets (une guitare, un livre, un panier rempli de fruits, …) sont placés autour des personnages. Ceux-ci occupent une telle présence dans le tableau qu’ils pourraient être considérés isolément, chacun comme une nature morte. Cette volonté d’unifier « objets et personnages dans un climat métaphysique » a poussé les historiens de l’art à rapprocher l’art de Louis Buisseret de celui de Giorgio De Chirico, chacun tentant de saisir l’âme des choses et non leurs apparences.