Bol à thé

Bol de la dynastie des Song du Sud.

Le bol large et profond porte une épaisse glaçure "fourrure de lièvre" (tu hao you) aux reflets métalliques, qui a coulé le long de la paroi durant la cuisson et a terminé sa course, peu avant d'atteindre le petit pied annulaire, en formant un bourrelet ponctué de quelques gouttelettes épaisses. Un léger retrait est visible sous la lèvre, qui est cerclée de métal.

Dimensions : Hauteur en cm : 6,8 ; Diamètre de l'ouverture : 12 ; Diamètre de la base : 3,9.

Matériaux et techniques : grès brun rougeâtre, foncé, à grain épais, tourné et recouvert d'un épais engobe vitrifiant noir et brun.

Usage : Les bols à thé de type "Jian" sont particulièrement bien adaptés à la préparation du thé en poudre bu sous les Song, fouetté jusqu'à l'obtention d'une mousse dont la blancheur était rehaussée par la couleur sombre du bol. Leur diamètre et leur épaisseur confèrent une bonne prise en main ; le retrait sous la lèvre permet de boire à petites gorgées. Centrée le long des affluents du cours supérieur du fleuve Min, la colossale production de ces fours fut essentiellement écoulée sur les marchés locaux ainsi que dans les monastères chan du Zhejiang, tandis que les plus beaux exemplaires étaient envoyés en tribut à la Cour des Song. Les moines japonais venus étudier le bouddhisme chan au Zhejiang pour le répandre ensuite au Japon (sous le nom de zen), furent séduits par la consommation du thé dans les monastères chinois, ainsi que par les bols utilisés à cet effet. Les "Jian" furent donc importés en grand nombre au Japon, où ils sont connus sous le nom de "Temmoku" (du chinois Tianmu, nom de la montagne du Zhejiang où étaient nichés les monastères chan). Les plus beaux bols y sont vénérés en tant que "karamono" ("objet d'art venant de Chine") et hautement prisés dans la cérémonie du thé japonaise. Les bols "Jian" furent aussi copiés dans les fours japonais de Seto.