Le portique à la lanterne

Antoine Canal commence sa carrière dans l’atelier de son père, Bernardo Canal, qui est décorateur de théâtre. La maîtrise de la technique du dessin et de la perspective va être déterminante et va lui servir tout au long de sa carrière. Spécialiste des vedute, c’est toujours Venise qui est le véritable sujet de la toile. Canaletto a épuisé tous les points de vue possibles sur la Sérénissime, toutes les nuances de cette fameuse lumière vénitienne qui ont fait son succès. Une rencontre déterminante dans la vie de Canaletto est très certainement celle de Joseph Smith, négociant anglais et collectionneur perspicace. Entre eux s’instaure presque aussitôt un rapport très étroit par lequel passeront la plupart des commandes lucratives que le peintre reçut du monde anglo-saxon. Canaletto exécute et dédie à Smith une suite d’eaux-fortes de vues de Venise. Le musée en possède un exemplaire. Canaletto aborde la gravure avec son approche de peintre : sa pointe évolue sur le cuivre en toute liberté un peu à la manière du dessin, avec des lignes ondulantes, des tailles vermiculées, qui par la variation de leur direction et de leur intensité, créent des contrastes et donnent une touche « impressionniste » à ses gravures. Les tons gris associés au blanc lumineux des parties non travaillées offrent de tels contrastes entre l’ombre et la lumière, que l’on pourrait presque voir de la couleur dans ses compositions. Chaque gravure devient un véritable défi, car en étudiant les différents états de ses gravures, on peut suivre l’artiste dans sa recherche de la perfection. Un bon exemple pour illustrer sa technique est très certainement Le portique à la lanterne. Il existe trois états reconnus de cette gravure. Notre musée possède le deuxième et le troisième état. La variété des tons entre le premier et le deuxième état est frappante, car il rajoute nombre de hachures et renforce la morsure de certains traits, jouant sur le contraste du clair-obscur pour mettre l’accent sur certains éléments de la composition plutôt que d’autres. Quant aux différences entre le deuxième et le troisième état, on observe le même type d’intervention mais aussi l’ajout de l’inscription « FF4 » sous le pilier gauche du portique. Les nombreux changements exécutés sur les plaques mettent en évidence le plaisir indéniable qu’il éprouvait pour ce difficile médium. Pourtant sa maîtrise ne l’a pas empêché de conserver cette touche de spontanéité présente dans toutes ses compositions. Dimensions : 298 x 431 mm Matériaux et techniques : Eau-forte sur papier vergé ancien